Un constat de plus en plus pointu saute clairement aux yeux quand on se penche attentivement sur la situation des médias aujourd'hui et du rapport qu'ils entretiennent avec leur audience : ils ne savent pas séduire. Abandonnés peu à peu, les grands empires et leur emprise qui retenaient captive une audience malheureuse bien obligée de croire les opinions professées ex cathedra se trouvent désormais confrontés à une crise d'autorité sans précédent. Les brebis ne sont plus dans l'enclos, et le berger panique. Habitué pendant des décennies à avoir la main sur elles, désormais impuissant, il est bien obligé de les voir se ruer de toutes part vers des prairies plus vertes où flotte un air nouveau de liberté, surtout de pensée. Car les brebis ont désormais compris que le monde est beaucoup plus vaste que l'étroit enclos dans lequel elles vivaient, et elles comprennent encore plus que le berger n'en savait rien. Ou que s'il le savait, il leur a caché. Quoi qu'il en soit, un air de défiance règne, régulièrement confirmé par les enquêtes d'opinions qui rappellent que moins de la moitié des citoyens font confiance aux médias traditionnels.
Que signifie cette situation? Et bien simplement que le journalisme tel qu'il s'est fait jusqu'à aujourd'hui a eu trop tendance à se reposer sur ses lauriers : le berger s'est peu à peu assoupi croyant avoir sur elle une main mise éternelle . Un peu comme quand on séduit une fille super jolie et qu'avec le temps, on commence à pisser la porte ouverte, à se gratter les fesses devant elle, et à ne pas comprendre pourquoi elle passe de moins en moins de temps en notre présence, puis qu'elle finit par ne plus nous voir puisque l'ennui devient insupportable, en tout cas plus supportable que de se détacher de nous. On parle souvent, et à juste titre, d'infidélité dans les médias. Et ce n'est guère surprenant, car il en est de même que dans une relation de couple : un manque d'amour et de considération sincère, un manque de reconnaissance mutuelle, de soin désintéressé et d'écoute attentive conduit inévitablement à l'incompréhension et à la tromperie. Comme dans toute relation humaine authentique, le tout doit sans cesse être renouvelé et réinventé, afin de maintenir un attrait et un intérêt. En un mot, de la séduction perpétuellement mise à jour. Sans cela, on va chercher ailleurs ce qu'on ne peut trouver ici, se faisant encore plus de mal, ne sachant trancher clairement entre l'attachement à l'ancien et l'attrait du neuf. La confusion résulte souvent de cette situation et l'on s'abandonne dans un mouvement désespéré au premier venu, comme pour cacher la misère de la solitude intérieure.
L'univers des médias est aujourd'hui un ménage à 3, voire à 4 ou 5 : chacun se dispute la belle qu'est l'audience. Cette dernière, se jette telle une jeune fille en fleur dans les bras du web, qui lui donne tout ce qu'elle désire, et immédiatement : reconnaissance, participation, vitesse, vertige, surprise. L'audience, subjuguée par cet étalon qui lui fait tourner la tête, se donne toute entière, corps et âme, à ce nec plus ultra du journalisme. Plus parfait, plus génial, plus tout, avec son visage carré de bellâtre au métal laqué et au design soigné, affichant un sourire étincelant, des cheveux gominés, le tout couronné par la certitude qui ne doute jamais d'elle-même propre au yuppie américain. La suite, on la connaît. Comme souvent, cet Apollon qui semble avoir tout pour lui n'a en fait rien, et masque sa désespérante solitude et son désespoir de vivre derrière une assurance de façade. Si l'on gratte un peu derrière le vernis, on voit nettement la misère de sa condition : il n'a rien car il n'est rien.
Si j'étais une jolie jeune fille, je n'aimerais pas me sentir en permanence traquée, surveillée et déshabillée du regard par un homme avide de mes charmes. Et si j'étais l'audience, je n'aimerais pas savoir qu'une batterie d'algorithmes et de programmes épient les moindres de mes faits et gestes, calculent au millième de seconde le temps que je passe sur telle ou telle page, où mes yeux vont se poser. La stratégie de séduction du journalisme sur le web aujourd'hui se résume en une chanson : "I'll be watching you", de Sting. Epier pour mieux aimer, c'est une relation sado-maso, et c'est ce que l'on propose aujourd'hui. L'audience ne se rend pas compte qu'elle se fait violer son intimité, et que le web s'attache à elle comme la sangsue à une plaie intérieure béante de laquelle coule ce qui l'intéresse vraiment : argent et attention. Mais l'amour qui attend quelque chose en retour n'est rien d'autre que du marketing.
L'amour véritable et sincère vise à la croissance de son partenaire, quel qu'il soit, femme ou audience. L'amour véritable vise à ce que notre partenaire n'ait plus besoin de nous, l'amour sincère vise à ouvrir l'enclos et laisser chacun et chacune vivre sa liberté. L'amour, ce n'est pas la prison qui se fait passer pour la seule nature de la réalité. La séduction généreuse vise à attirer pour mieux libérer, pas pour garder captif. Telle est ma conception du journalisme augmenté, et elle est plus simple à appliquer que cela en à l'air.
Que signifie cette situation? Et bien simplement que le journalisme tel qu'il s'est fait jusqu'à aujourd'hui a eu trop tendance à se reposer sur ses lauriers : le berger s'est peu à peu assoupi croyant avoir sur elle une main mise éternelle . Un peu comme quand on séduit une fille super jolie et qu'avec le temps, on commence à pisser la porte ouverte, à se gratter les fesses devant elle, et à ne pas comprendre pourquoi elle passe de moins en moins de temps en notre présence, puis qu'elle finit par ne plus nous voir puisque l'ennui devient insupportable, en tout cas plus supportable que de se détacher de nous. On parle souvent, et à juste titre, d'infidélité dans les médias. Et ce n'est guère surprenant, car il en est de même que dans une relation de couple : un manque d'amour et de considération sincère, un manque de reconnaissance mutuelle, de soin désintéressé et d'écoute attentive conduit inévitablement à l'incompréhension et à la tromperie. Comme dans toute relation humaine authentique, le tout doit sans cesse être renouvelé et réinventé, afin de maintenir un attrait et un intérêt. En un mot, de la séduction perpétuellement mise à jour. Sans cela, on va chercher ailleurs ce qu'on ne peut trouver ici, se faisant encore plus de mal, ne sachant trancher clairement entre l'attachement à l'ancien et l'attrait du neuf. La confusion résulte souvent de cette situation et l'on s'abandonne dans un mouvement désespéré au premier venu, comme pour cacher la misère de la solitude intérieure.
L'univers des médias est aujourd'hui un ménage à 3, voire à 4 ou 5 : chacun se dispute la belle qu'est l'audience. Cette dernière, se jette telle une jeune fille en fleur dans les bras du web, qui lui donne tout ce qu'elle désire, et immédiatement : reconnaissance, participation, vitesse, vertige, surprise. L'audience, subjuguée par cet étalon qui lui fait tourner la tête, se donne toute entière, corps et âme, à ce nec plus ultra du journalisme. Plus parfait, plus génial, plus tout, avec son visage carré de bellâtre au métal laqué et au design soigné, affichant un sourire étincelant, des cheveux gominés, le tout couronné par la certitude qui ne doute jamais d'elle-même propre au yuppie américain. La suite, on la connaît. Comme souvent, cet Apollon qui semble avoir tout pour lui n'a en fait rien, et masque sa désespérante solitude et son désespoir de vivre derrière une assurance de façade. Si l'on gratte un peu derrière le vernis, on voit nettement la misère de sa condition : il n'a rien car il n'est rien.
Si j'étais une jolie jeune fille, je n'aimerais pas me sentir en permanence traquée, surveillée et déshabillée du regard par un homme avide de mes charmes. Et si j'étais l'audience, je n'aimerais pas savoir qu'une batterie d'algorithmes et de programmes épient les moindres de mes faits et gestes, calculent au millième de seconde le temps que je passe sur telle ou telle page, où mes yeux vont se poser. La stratégie de séduction du journalisme sur le web aujourd'hui se résume en une chanson : "I'll be watching you", de Sting. Epier pour mieux aimer, c'est une relation sado-maso, et c'est ce que l'on propose aujourd'hui. L'audience ne se rend pas compte qu'elle se fait violer son intimité, et que le web s'attache à elle comme la sangsue à une plaie intérieure béante de laquelle coule ce qui l'intéresse vraiment : argent et attention. Mais l'amour qui attend quelque chose en retour n'est rien d'autre que du marketing.
L'amour véritable et sincère vise à la croissance de son partenaire, quel qu'il soit, femme ou audience. L'amour véritable vise à ce que notre partenaire n'ait plus besoin de nous, l'amour sincère vise à ouvrir l'enclos et laisser chacun et chacune vivre sa liberté. L'amour, ce n'est pas la prison qui se fait passer pour la seule nature de la réalité. La séduction généreuse vise à attirer pour mieux libérer, pas pour garder captif. Telle est ma conception du journalisme augmenté, et elle est plus simple à appliquer que cela en à l'air.